De Franck SOTTOU, Professeur associé au CNAM, Expert PIM / ETCP
Salle des commissions de la Métropole, 12 personnes autour de la table sont réunies. Des représentants de l’Etat, des techniciens, des élus et des chargés de mission du Département et de la Région. Après un rapide tour d’horizon des enjeux et compte de la « complexité » du sujet, la décision est prise de créer un comité technique et un comité de pilotage dont la première mission sera de définir un cahier des charges pour lancer une étude. Est-on bien sûr à ce moment que la comitologie classique soit véritablement gage d’efficacité et qu’il ne soit pas temps de changer de modèle ?
Tout nous appelle à plus de résultats. La crise des finances publiques, les attentes croissantes des habitantes et des habitants et, par-dessus tout, la recherche d’interventions publiques plus durables et plus utiles. Prenons par exemple la politique des transports. Les agglomérations croulent sous les déficits sans pour autant arriver à remplir les bus, rentabiliser les tramways ni vraiment réduire les émissions de CO2 et à limiter les temps de déplacement domicile / travail. Le temps est venu d’innover, d’explorer toutes les solutions rendues possible par le digital et les énergies renouvelables mais surtout de tester et d’expérimenter sans attendre le renouvellement des contrats de DSP.
Et c’est là justement que la comitologie classique est en question. Plutôt que de chercher à dégager une solution technique qui sera ensuite validée par les élus, l’objectif n’est-il pas de définir et de suivre en continu le résultat des interventions et des expérimentations ?
A partir de là, un seul comité, un Comité Opérationnel qui favorise la co-construction entre élus et techniciens des meilleures opérations ; chacun ayant bien-sûr ses propres responsabilités et contraintes à respecter, que ce soit devant sa hiérarchie ou son assemblée délibérante.
Et s’il faut faire tomber des cloisons, autant en faire tomber entre le public et le privé. Auditionner en amont les opérateurs potentiels, leur faire partager les résultats attendus et bien leur mettre la pression sur la qualité des réalisations attendues avec comme objectif, après mise en concurrence, de ne pas tomber sur un opérateur moins disant qui jouera sur une exécution à la lettre du cahier des charges initial.
Sans aller jusqu’à la solution « zéro comité » prônée par Steve Jobs ( ci-dessous) dans un contexte très dirigiste et centralisé, il y a matière à faire plus simple et efficace si l’on compte le nombre de jours passés en réunion et les budgets dépensés en études et évaluations. Plaidons là-aussi pour le renforcement des évaluations chemin faisant en cherchant à réintégrer les conclusions et recommandations dans la prise de décision.
Avec au bout du chemin, un objectif, celui de bannir le terme de coordination qui traduit trop souvent des résistances au changement et la difficulté tout simplement à se faire confiance.